Marissa Marcel est une énigme. Promise à une carrière brillante à Hollywood, elle tourna dans 3 films, en 1968, 1970 et 1999. Aucun de ces films n'a jamais été terminé et Marissa n'a plus jamais été revue depuis son dernier tournage. Des années plus tard, des cinéphiles acharnés ont retrouvé les images de ces films disparus, ainsi que des extraits de répétitions, de repérages, de making of et d'interviews et ont organisé tout ceci dans un logiciel. Lorsque vous lancez le programme, quelque chose plante et vous vous retrouvez devant un seul clip vidéo, d'une interview donnée par Marissa dans un talk show alors que son premier film devait sortir et que le second allait commencer son tournage. Vous pouvez visionner ce clip, le rembobiner dans tous les sens, et lorsque vous arrêtez l'image vous pouvez cliquer sur certains éléments (des visages, des éléments de décor, des objets...) et le logiciel vous emmènera immédiatement vers un autre clip où l'élément est présent. Commence alors un gigantesque jeu de piste à travers plus de 10 heures de vidéo pour répondre à deux questions : Qui est Marissa Marcel ? Que lui est-il arrivé ?
Immortality est un jeu vidéo indé signé Sam Barlow, déjà responsable entre autres de Her Story (un autre jeu en FMV que j'avais adoré) et Telling Lies (que je n'ai pas encore eu l'occasion de faire), qui se présente comme une interface permettant de parcourir une collection de clips vidéos et je dois dire que j'avais rarement été aussi captivé par un jeu de ce type.
Entre coulisses de tournages, réflexions sur l'art et la nature humaine et détours surréalistes, le jeu nous plonge progressivement dans un tourbillon d'images presque hypnotique dans lequel on se perd avec plaisir. L'ambiance un peu horrifique et très "Lynchienne" du jeu n'est d'ailleurs pas un hasard, puisque pour l'aider à écrire Immortality, Sam Barlow s'est notamment entouré de Barry Gifford, l'auteur de Sailor et Lula et le co-scénariste de Lost Highway du même David Lynch.
Formellement parlant, le jeu est aussi une franche réussite : entre couleur, format et grain de l'image et décors, le jeu reconstitue parfaitement les années fin 60/début 70 et la fin des années 90 et on a vraiment l'impression de regarder des extraits de making of de véritables films de ces époques. Le casting est aussi très bon, mais c'est surtout Manon Gage que je retiendrai pour son incarnation de Marissa Marcel toute en nuances et en complexité.
Bref, si vous aimez les expériences narratives hors du commun, le monde du cinéma et l'oeuvre de Lynch, je vous encourage à vous plonger puis vous perdre dans Immortality 😎

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