The Electric State

Hier soir j'ai vu The Electric State version Netflix et si j'ai plutôt aimé sur le moment, avec le recul je suis quand même déçu, essentiellement à cause des choix fait pour l'adaptation. L'histoire se déroule dans une année 1994 alternative, quelques années après une grande guerre entre robots et humains. Le monde a franchement dérivé vers la dystopie pour les deux camps, mais l'humanité se voile la face et préfère fuire dans des mondes virtuels. Les robots sont parqués dans une immense Zone entourée de murs infranchissables en plein désert. 

On suit les aventures de Michelle, une jeune ado ayant perdu sa famille dans un accident pendant la guerre et qui fait la rencontre d'un étrange robot qui prétend être son frère disparu. Pourchassés par un chasseur de robots incarné par Giancarlo Esposito (qui fait du Giancarlo Esposito comme d'hab, mais c'est pas grave parce qu'il est cool), ils vont faire la rencontre de Chris Pratt (qui fait du Chris Pratt en décalquant son jeu des Guardians of the Galaxy) et partir en direction de la Zone d'Exclusion pour démêler cette histoire.

Pris isolément, The Electric State est un film de SF et d'aventures plutôt cool : l'histoire est très classique mais les personnages sont assez charismatiques et rigolos pour qu'on ne s'ennuie pas, les designs des robots et des lieux sont magnifiques et le côté rétro-nostalgie des années 90 a beaucoup marché sur moi.

Par contre quand on le compare au magnifique art book de Simon Stålenhag et au jeu de rôles sorti l'an dernier chez Free League, ça pique un peu. L'esthétique de Stålenhag est bien là, et certains plans du film sont des adaptations très fidèles de certaines peintures du bouquin, ce qui est plutôt cool. Par contre les frères Russo se sont arrêtés à cette esthétique et ont sévèrement amputés certains thèmes pour y coller une sorte de version SF de Stranger Things : le côté addictif des neurodiffeuseurs et la fuite vers le virtuel sont mis de côté très vite pour retomber dans un schéma de combat entre humains et machines très classique, et certains aspects sont complètement zappés (les cimetières de vaisseaux de guerre gigantesques échoués, les cadavres de clients de Sentre si immergés dans le virtuel qu'ils en sont morts de faim, les mystérieuses machines titanesques connectées à des hordes d'humains via leurs neurodiffuseurs évoquant des zombies...). 

Bref, on a eu un film d'aventures feel good complètement débarrassé de la poésie douce-amère et angoissante de l'art book et du nihilisme apocalyptique du jeu de rôles. Mais bon, j'imagine qu'une telle adaptation était nettement plus facile à vendre aux execs de Netflix qu'un road trip angoissant et contemplatif...

Si vous aimez Stranger Things, les Gardiens de la Galaxie et les robots rétrofuturistes au look d'animatronic de Disneyland, vous pouvez y jeter un œil, vous passerez probablement un bon moment. Et si vous menez au jeu de rôles Tales from the Loop, y'a des tonnes de trucs à reprendre comme inspiration. Mais si vous êtes fans de Simon Stålenhag ou que vous cherchez de l'inspiration pour le jeu de rôles The Electric State, vous risquez d'être très déçus.

Commentaires